Quatre clés de lecture structurent le projet RedMin pour aborder les stratégies de redéveloppement à l’œuvre dans les territoires miniers en déclin :
Le développement social à l’aune d’un relatif retrait des entreprises minières
Le développement social des villes minières, longtemps porté par une forte implication des entreprises minières dans la gestion et la planification territoriale, se trouve aujourd’hui profondément remis en question face à leur retrait progressif. Ce désengagement, lié à l’évolution des modes d’exploitation et à l’urbanisation croissante de ces territoires, soulève des interrogations sur les formes de transition sociale, économique et politique à l’œuvre, et met en lumière la nécessité de repenser les partenariats entre acteurs publics, privés et associatifs. La littérature scientifique, notamment en Amérique latine et en Afrique subsaharienne, révèle la complexité des effets de ces transitions sur les inégalités socio-spatiales, les formes de participation citoyenne et les stratégies locales d’adaptation. Au Maroc, les anciens territoires miniers présentent des situations sociales marquées — chômage, pauvreté, vieillissement, délabrement urbain — qui interrogent la pertinence des politiques de développement actuelles. Face à ces constats, de nouvelles formes d’intervention, fondées sur la participation, l’innovation sociale et la résilience communautaire, émergent à l’échelle internationale. Le présent projet propose d’analyser ces pratiques de redéveloppement et d’évaluer leur transférabilité dans les contextes spécifiques aux territoires miniers marocains.
La formation et le développement de l’entrepreneuriat comme outil d’insertion des jeunes dans le monde du travail
Dans les territoires miniers en déclin, et notamment au Maroc, la promotion de l’entrepreneuriat chez les jeunes apparaît comme une stratégie centrale face au chômage, à la mono-activité et à l’exode croissant des jeunes générations. Ces actions, centrées sur le renforcement des compétences, l’innovation et la création d’activités alternatives à la mine (formation, incubateurs, coworking, reconversion agricole), visent à stimuler une dynamique locale de développement et à favoriser l’ancrage territorial des jeunes. Bien que la littérature scientifique traite largement de l’entrepreneuriat des jeunes, peu de recherches l’abordent spécifiquement dans les contextes miniers vulnérables. Ce champ reste donc à explorer, notamment en interrogeant les formes de réception locale de ces dispositifs, leurs effets sur les recompositions socio-économiques, ainsi que les leviers à mobiliser pour maximiser leur impact et leur durabilité
Les différentes politiques publiques visant à trouver des alternatives au développement minier en panne
Face à la déprise économique causée par l’épuisement des gisements et la transformation des modes d’extraction, les territoires miniers sont amenés à explorer des stratégies alternatives de redéveloppement. Incapable de répondre aux besoins d’une population de plus en plus vulnérable, l’économie minière cède progressivement la place à des dynamiques renouvelées mobilisant les ressources locales – matérielles, immatérielles, naturelles et humaines – selon des logiques de transition, de réparation, de régénération et de reconversion. Ces alternatives prennent diverses formes : reconversion agricole, transition énergétique, patrimonialisation de la mine ou mise en tourisme. Parmi elles, la transition énergétique occupe une place croissante, faisant des anciens territoires extractifs de nouveaux laboratoires d’innovation écologique. À partir d’exemples internationaux (Loos-en-Gohelle, Nord-Pas-de-Calais, Heerlen…), l’objectif est d’analyser les effets de ces transformations, les formes d’appropriation ou de résistance qu’elles suscitent, ainsi que les conditions de transférabilité de ces modèles au Sud global. Ce travail vise ainsi à identifier les freins, les leviers et les perspectives d’essaimage de ces pratiques de redéveloppement post-minier.